
L’appel MAYDAY n’est pas un cri de panique, mais un transfert de données vitales. La rigueur avec laquelle vous le délivrez décide directement de la vitesse et de l’efficacité de votre propre sauvetage.
- La distinction entre MAYDAY, PAN PAN et SÉCURITÉ n’est pas théorique ; elle conditionne la nature et l’urgence des moyens engagés par les secours.
- Le script de l’appel est un protocole non-négociable, conçu pour transmettre un maximum d’informations critiques en un minimum de temps.
- Une fois l’appel lancé, votre rôle de chef de bord ne fait que commencer : vous devenez le principal relais d’information pour l’équipe de coordination à terre.
Recommandation : Entraînez-vous à cette procédure à froid, à quai, avec votre équipage. Faites-en un rituel maîtrisé pour qu’il devienne un réflexe salvateur sous l’emprise du stress.
En tant que chef de bord, vous portez la responsabilité de chaque personne sur votre navire. Chaque année, ce sentiment de responsabilité prend une tournure dramatique pour des milliers de plaisanciers. Rien qu’en France, les CROSS (Centres Régionaux Opérationnels de Surveillance et de Sauvetage) coordonnent en moyenne plus de 8 500 opérations de secours en mer impliquant la plaisance. Derrière ce chiffre se cache une réalité : l’imprévu fait partie de la navigation.
Beaucoup de marins connaissent le mot « MAYDAY ». Ils l’associent à la détresse absolue, le dernier recours. Mais la plupart le perçoivent comme un simple appel à l’aide, un cri lancé dans l’éther. C’est la première et la plus dangereuse des idées reçues. Depuis ma position de coordinateur de sauvetage au CROSS, je peux vous l’affirmer : le MAYDAY n’est pas un cri, c’est un acte de communication formalisé. C’est le début d’un transfert d’informations critiques qui va nous permettre, à terre, de construire votre sauvetage.
Cet article ne se contentera pas de vous donner un script. Il vous expliquera, depuis notre perspective, pourquoi chaque mot, chaque silence, chaque information transmise avec une précision chirurgicale est une brique essentielle. Vous allez comprendre que lorsque vous appuyez sur le bouton de votre VHF, vous n’appelez pas seulement à l’aide : vous activez une chaîne de survie dont vous êtes le premier maillon. Votre maîtrise de ce rituel est votre première action de survie active.
Nous allons ensemble décortiquer la grammaire de l’urgence : les trois niveaux d’alerte, le protocole exact du message qui sauve, votre rôle si vous êtes témoin, et ce qui se déclenche ici, dans nos centres d’opérations, dès que votre voix brise le silence du canal 16. La maîtrise de ces éléments transformera votre angoisse en action efficace le jour où vous en aurez besoin.
Sommaire : Maîtriser la procédure MAYDAY, votre rituel de survie en mer
- MAYDAY, PAN PAN, SÉCURITÉ : trois mots pour trois niveaux d’urgence que vous devez absolument connaître
- Le script du MAYDAY que vous devriez imprimer et afficher à côté de votre VHF
- Le MAYDAY RELAIS : le jour où vous devenez un maillon essentiel de la chaîne des secours
- Vous avez lancé un MAYDAY, et maintenant ? Comprendre ce qui se passe de l’autre côté de la radio
- Comment annuler une alerte MAYDAY sans passer pour un idiot (et sans bloquer les secours pour rien)
- Le MAYDAY : les 10 secondes de radio qui peuvent sauver votre équipage
- Ce que le CRR vous apprend sur l’organisation des secours en mer que vous ignorez totalement
- La vraie sécurité en mer n’est pas dans votre radeau de survie, elle est dans votre cerveau
MAYDAY, PAN PAN, SÉCURITÉ : trois mots pour trois niveaux d’urgence que vous devez absolument connaître
En situation de stress, la nuance peut sembler superflue. Elle est pourtant vitale. Le choix entre MAYDAY, PAN PAN et SÉCURITÉ n’est pas une simple convention sémantique ; il détermine la nature, l’ampleur et l’immédiateté de notre réponse. Utiliser le bon terme, c’est nous donner l’information la plus cruciale dès la première seconde : le niveau de la menace.
Le MAYDAY est réservé à une seule et unique situation : un danger grave et imminent pour la vie humaine. Incendie incontrôlable, chavirement, voie d’eau massive, abandon du navire. Lorsque nous entendons « MAYDAY », tous les autres trafics cessent. Nous mobilisons immédiatement tous les moyens nautiques et aériens disponibles dans la zone. C’est l’alerte maximale.
Le PAN PAN (prononcé « panne panne ») signale une situation d’urgence où la sécurité du navire ou d’une personne est menacée, mais sans danger grave et imminent pour la vie. Une avarie de barre, une panne moteur sans risque de drossage à la côte, un besoin d’assistance médicale non vitale. Pour nous, un PAN PAN déclenche une pré-alerte des moyens de sauvetage comme la SNSM. Nous évaluons la situation avec vous et faisons monter en puissance notre dispositif si la situation se dégrade. Selon une analyse des Sauveteurs en Mer, qui réalisent plus de la moitié des interventions coordonnées par les CROSS, la mobilisation est progressive et adaptée, contrairement au déclenchement total du MAYDAY.
Enfin, le message de SÉCURITÉ est un message d’information crucial pour tous les navigateurs sur zone. Il signale un danger pour la navigation : un container à la dérive, une observation de phénomène météorologique dangereux non prévu, l’extinction d’un feu de signalisation. Ce message ne demande pas d’assistance, mais contribue à la sécurité collective.
Confondre ces termes a des conséquences directes. Un MAYDAY pour une simple panne moteur mobilise inutilement des ressources qui pourraient être requises pour une véritable détresse vitale. À l’inverse, un PAN PAN pour un début d’incendie nous fait perdre de précieuses minutes. Votre jugement en tant que chef de bord est ici la première étape du sauvetage.
Le script du MAYDAY que vous devriez imprimer et afficher à côté de votre VHF
Dans le chaos d’une urgence, la mémoire est la première faculté qui défaille. La panique brouille la pensée logique. C’est précisément pour cette raison que le message MAYDAY n’est pas une conversation, mais un script rigide, un protocole. Chaque élément a sa place et sa raison d’être. Le suivre à la lettre n’est pas une option, c’est une obligation qui maximise vos chances.

Ce script est conçu pour nous donner, à terre, une image claire de la situation en moins d’une minute. Il doit être lu, non récité. Affichez-le, plastifié, juste à côté de votre VHF. Il est votre meilleur allié lorsque l’adrénaline prend le dessus. Voici, mot pour mot, ce que nous devons entendre :
- MAYDAY – MAYDAY – MAYDAY
- Ici le bateau [TYPE et NOM du navire] – répété 3 fois (Ex: « Ici le voilier NOM, le voilier NOM, le voilier NOM »)
- MAYDAY [nom de votre bateau]
- Position : [Donnez la latitude et la longitude lues sur votre GPS. Si impossible, un relèvement et une distance par rapport à un amer connu. Ex: « Position 48 degrés 15 minutes Nord, 4 degrés 50 minutes Ouest »]
- Nature de la détresse : [Soyez bref et précis. Ex: « Voie d’eau importante », « Incendie dans le compartiment moteur », « Homme à la mer »]
- Assistance demandée : [Ex: « Demandons assistance immédiate », « Demandons évacuation médicale »]
- Nombre de personnes à bord : [Précisez s’il y a des enfants, des blessés. Ex: « 4 personnes à bord, dont un blessé »]
- Description du navire : [Aide à l’identification visuelle. Ex: « Voilier monocoque de 12 mètres, coque blanche, pont bleu »]
- Ici [nom de votre bateau] – Terminé
Après avoir émis ce message, gardez le silence et maintenez une veille attentive sur le canal 16. Nous allons accuser réception avec la formule « MAYDAY [nom de votre bateau], ici CROSS [nom du centre], reçu MAYDAY ». À partir de cet instant, nous prenons la direction des opérations. Ne répétez votre message que si nous ne vous répondons pas après une minute.
Le MAYDAY RELAIS : le jour où vous devenez un maillon essentiel de la chaîne des secours
Il est une situation que tout marin doit envisager : ne pas être celui qui appelle, mais celui qui entend. Si vous captez un message de détresse sur le canal 16 et que le CROSS n’en accuse pas réception, vous avez un devoir. Ce n’est pas seulement une question de solidarité des gens de mer, c’est une obligation légale. L’assistance à un navire en détresse est un principe fondamental du droit maritime.
Comme le stipule le Code des Transports français dans son article L5262-2, tout capitaine a l’obligation de porter secours. Votre première action de secours peut être de devenir un relais radio. Un navire en difficulté peut être trop loin des côtes pour être reçu par un sémaphore, ou sa radio peut être endommagée et son signal faible. Vous devenez alors ses oreilles et sa voix.
L’assistance à tout navire en détresse est obligatoire pour tout capitaine, pour autant qu’il puisse le faire sans danger sérieux pour son navire, son équipage et ses passagers.
La procédure de relais est tout aussi formelle que l’appel initial pour ne pas créer de confusion. Si vous entendez un MAYDAY et n’entendez pas d’accusé de réception du CROSS dans un court délai (environ une minute), voici la marche à suivre :
- Notez précisément toutes les informations du message de détresse que vous avez entendu.
- Lancez l’appel : « MAYDAY RELAY, MAYDAY RELAY, MAYDAY RELAY » sur le canal 16.
- Annoncez-vous : « Ici [votre type de navire et nom], Ici [votre type de navire et nom], Ici [votre type de navire et nom] ».
- Transmettez le message : « Message suivant reçu sur le canal 16 à [heure de réception] de la part de [nom du navire en détresse] ».
- Répétez EXACTEMENT le message de détresse que vous avez noté, sans y ajouter la moindre interprétation ou information personnelle.
- Une fois le message retransmis, donnez votre propre position et indiquez votre cap et votre vitesse.
- Terminez par : « Ici [votre nom de navire] – Terminé ».
En agissant ainsi, vous n’êtes plus un simple témoin, mais un acteur du sauvetage. Vous venez d’étendre la portée de la chaîne de secours et peut-être de faire le lien qui sauvera des vies. Restez à l’écoute sur le canal 16, le CROSS vous contactera pour vous intégrer à l’opération, soit en tant que relais de communication, soit en tant que premier secours sur zone si vous êtes le plus proche.
Vous avez lancé un MAYDAY, et maintenant ? Comprendre ce qui se passe de l’autre côté de la radio
Pour le marin en détresse, les minutes qui suivent l’appel MAYDAY peuvent sembler un silence assourdissant, une attente interminable. Mais de notre côté, à terre, c’est un pic d’activité intense et coordonné. Votre message a déclenché une mécanique de sauvetage complexe. Comprendre ce qui se passe vous aidera à mieux gérer l’attente et à devenir un partenaire efficace dans votre propre sauvetage.

Dès la réception de votre « reçu MAYDAY », le coordinateur de sauvetage et son équipe analysent vos informations. Votre position est reportée sur nos cartes électroniques. La nature de votre détresse nous permet d’anticiper les moyens nécessaires : un hélicoptère avec un médecin pour une évacuation médicale, une vedette SNSM avec une motopompe pour une voie d’eau. Au CROSS Corsen par exemple, qui a coordonné 1847 opérations en 2024, la SNSM est mobilisée dans près de 7 cas sur 10, souvent complétée par des moyens aériens de la Marine nationale ou de la Sécurité Civile. Nous dérouttons également les navires de commerce sur zone pour qu’ils vous portent assistance.
Pendant que cette coordination s’opère, votre rôle est crucial. Vous n’êtes pas un naufragé passif. Vous êtes notre contact sur zone. Votre mission est la suivante :
- Maintenir une veille radio permanente sur le canal 16. Nous aurons besoin de vous parler.
- Préparer l’équipage : distribuez les gilets de sauvetage, rassemblez tout le monde au point de ralliement.
- Préparer le matériel : mettez à portée de main le radeau de survie, les feux à main, la balise de détresse (EPIRB).
- Faciliter l’intervention : affalez les voiles, préparez des aussières pour un éventuel remorquage.
- Nous tenir informés : signalez-nous toute évolution de la situation, bonne ou mauvaise.
- Imposer et respecter le « Silence MAYDAY » : n’utilisez la radio que pour communiquer avec nous ou un navire vous portant secours.
Votre calme et votre coopération sont des atouts majeurs. Un chef de bord qui continue à fournir des informations claires et concises malgré la situation nous permet d’affiner notre stratégie et de gagner un temps précieux. Vous êtes nos yeux et nos oreilles jusqu’à l’arrivée des secours physiques.
Comment annuler une alerte MAYDAY sans passer pour un idiot (et sans bloquer les secours pour rien)
Lancer une alerte MAYDAY est un acte grave. Mais il peut arriver que la situation qui vous semblait désespérée se résolve de manière inattendue. Un début d’incendie maîtrisé, une voie d’eau colmatée, un équipier tombé à l’eau et récupéré sain et sauf. Dans ce cas, la tentation peut être grande de couper la radio par gêne ou par peur d’une réprimande. C’est la pire des choses à faire.
Annuler un MAYDAY n’est pas une honte, c’est un acte de responsabilité et de civisme maritime. Dès l’instant où vous avez lancé l’alerte, des moyens importants sont en route. Un hélicoptère a peut-être décollé, une vedette de la SNSM a quitté son port avec des bénévoles à son bord. Chaque minute où ils font route vers vous est une minute où ils ne sont pas disponibles pour une autre urgence, qui elle, pourrait être bien réelle. Votre silence radio après un MAYDAY est notre pire scénario : nous devons présumer du pire et continuer les recherches, parfois pendant des heures.
L’annulation d’une fausse alerte n’est pas un échec mais un acte de civisme. Cela libère immédiatement des moyens précieux pour une autre urgence réelle. Le CROSS vous demandera quelques minutes pour comprendre l’origine de l’alerte dans un esprit de retour d’expérience, pas de réprimande.
– Opérateur CROSS
L’annulation, comme l’appel, suit une procédure précise pour être claire et comprise de tous sur le canal 16. Une fois la situation sous contrôle, voici le script à suivre :
- Attendez une pause dans le trafic radio sur le canal 16.
- Émettez : « À toutes les stations, à toutes les stations, à toutes les stations« .
- Identifiez-vous : « Ici [type et nom du navire], [nom du navire], [nom du navire] ».
- Annoncez l’annulation : « Annulons notre MAYDAY de [heure de l’appel initial] ».
- Expliquez brièvement la résolution : « Situation résolue, l’assistance n’est plus requise ».
- Terminez par « Ici [nom du navire] – Terminé ».
Après ce message, le CROSS vous contactera très certainement pour un court débriefing. Ne le voyez pas comme un interrogatoire, mais comme un retour d’expérience. Comprendre ce qui s’est passé nous aide à améliorer nos propres procédures. Votre honnêteté et votre coopération sont les bienvenues et respectées.
Le MAYDAY : les 10 secondes de radio qui peuvent sauver votre équipage
La technologie moderne offre des outils puissants, notamment le système ASN (Appel Sélectif Numérique) avec son fameux « bouton rouge ». Une simple pression prolongée envoie une alerte de détresse numérique contenant votre identifiant (MMSI) et votre position GPS précise. C’est un progrès immense en termes de fiabilité et de rapidité pour nous alerter. Cependant, il ne remplace pas le message vocal, il le précède. L’ASN, c’est le « quoi » et le « où ». Le message vocal, c’est le « pourquoi » et le « comment ».
L’un sans l’autre est une information incomplète. L’ASN nous donne des données brutes, mais ne nous dit rien du contexte humain : le nombre de personnes, la présence de blessés, la panique à bord, vos intentions. Le message vocal, lui, peut être imprécis sur la position si le stress vous fait mal lire le GPS. Les deux sont les deux faces d’une même pièce : le transfert d’informations critiques.
La procédure idéale combine les deux : 1. Appui long sur le bouton de détresse ASN. 2. Attendre l’accusé de réception automatique. 3. Prendre le micro et dérouler le script vocal MAYDAY.
Le tableau suivant résume la complémentarité de ces deux systèmes que tout chef de bord doit parfaitement comprendre.
| Fonction | ASN (bouton rouge) | Message vocal |
|---|---|---|
| Transmission position | Automatique via GPS couplé | Manuelle (latitude/longitude) |
| Identification | MMSI automatique | Nom du navire répété 3x |
| Nature détresse | Choix menu prédéfini | Description détaillée |
| Temps transmission | 2 secondes | 30-45 secondes |
| Contexte humain | Aucun | État équipage, intentions |
La maîtrise de cette procédure ne s’improvise pas. Elle doit être répétée. Organisez des exercices à quai, moteur éteint, avec votre équipage. Attribuez les rôles, chronométrez la procédure, simulez différents scénarios. C’est par cet entraînement rigoureux que les 10 secondes de l’appel initial deviendront un réflexe structuré et non un cri désordonné.
Ce que le CRR vous apprend sur l’organisation des secours en mer que vous ignorez totalement
Beaucoup de plaisanciers voient le Certificat Restreint de Radiotéléphoniste (CRR) comme une simple contrainte administrative à obtenir pour utiliser une VHF de plus de 6 watts. C’est une vision réductrice. Le CRR n’est pas un permis de « parler dans le poste », c’est une formation à l’intégration dans un système de communication et de sauvetage mondial et organisé : le SMDSM (Système Mondial de Détresse et de Sécurité en Mer).
Le CRR vous enseigne une chose fondamentale : le canal 16 est un sanctuaire. C’est le canal de veille et de détresse, et il doit rester aussi clair que possible. Dès qu’un contact est établi suite à un appel de routine ou un PAN PAN, le premier réflexe d’un opérateur CROSS est de vous demander de « dégager sur un canal de travail », souvent le 67, 68 ou 73 selon les zones géographiques. Cette procédure, qui peut sembler anodine, est la clé de notre capacité à gérer plusieurs opérations simultanément. Elle préserve le canal 16 pour la seule chose qui compte : le prochain MAYDAY.
Cette organisation est ce qui permet à des bénévoles de la SNSM d’appareiller en pleine nuit pour vous secourir. En effet, plus de 21% des interventions ont lieu de nuit, dans des conditions souvent difficiles. Cette disponibilité repose sur une organisation sans faille des communications, où chaque canal a un rôle défini. De la même manière, les canaux inter-navires (6, 8, 72, 77) permettent aux unités de sauvetage de se coordonner entre elles sans encombrer les fréquences de détresse.
En passant votre CRR, vous n’apprenez donc pas seulement un script, vous apprenez les règles de courtoisie et d’efficacité qui régissent la sécurité de tous en mer. Vous comprenez pourquoi l’alphabet phonétique international (Alpha, Bravo, Charlie…) n’est pas un gadget mais un outil pour garantir une communication sans ambiguïté. Vous devenez un maillon conscient et compétent de la chaîne de sécurité maritime.
À retenir
- La rigueur du script MAYDAY n’est pas négociable ; chaque information a une valeur critique pour l’organisation des secours.
- La préparation mentale et l’entraînement régulier de l’équipage sont plus importants que n’importe quel équipement de sécurité.
- Le MAYDAY n’est pas une fin en soi, mais le début d’une collaboration active avec le CROSS où le chef de bord reste un acteur clé.
La vraie sécurité en mer n’est pas dans votre radeau de survie, elle est dans votre cerveau
Nous avons tendance à matérialiser la sécurité. Nous l’achetons sous forme de radeau de survie, de gilets hydrostatiques ou de balises dernier cri. Ces équipements sont indispensables, mais ils ne sont que la dernière ligne de défense. La véritable sécurité, la première, la plus efficace, est immatérielle. Elle réside dans la préparation, la connaissance et le sang-froid du chef de bord et de son équipage.
Les rapports d’accidents le démontrent année après année. Le Bureau d’Enquêtes sur les Événements de Mer (BEAmer) a analysé 449 accidents maritimes en 2024, dont 263 considérés comme graves. Une part significative de ces événements trouve son origine non pas dans une fatalité météorologique, mais dans des défaillances techniques (perte de contrôle, panne moteur) qui deviennent critiques par manque de préparation de l’équipage à y faire face. Une procédure de communication bien exécutée est souvent ce qui transforme un accident potentiellement très grave en un incident maîtrisé.
La sécurité est un rituel qui commence bien avant de larguer les amarres. C’est le briefing de sécurité où chaque équipier, même novice, sait où se trouve la VHF, comment l’utiliser, et où est affiché le script MAYDAY. C’est la répartition claire des rôles en cas d’urgence. Qui s’occupe de la radio pendant que le skipper est à la barre ? Qui prépare les brassières ? Qui note la position GPS ? Anticiper ces questions à froid, au port, est ce qui vous fera gagner les minutes décisives en situation de crise.
Votre plan d’action pour un briefing sécurité efficace
- Localisation et fonctionnement : Montrer à tous le fonctionnement de la VHF fixe et portable, y compris le bouton détresse ASN.
- Délégation : Définir clairement qui lance le MAYDAY si le skipper est incapacité.
- Procédure : Indiquer l’emplacement du script MAYDAY affiché et rappeler la procédure vocale.
- Répartition des rôles : Attribuer qui prend en charge les brassières, qui note et transmet la position GPS.
- Points de ralliement et abandon : Préciser le point de rassemblement et montrer la localisation et la mise en œuvre du radeau de survie.
La vraie sécurité ne s’achète pas, elle se prépare. Intégrez dès aujourd’hui ces procédures dans vos briefings d’équipage et faites de ces rituels une seconde nature. Le jour où l’océan vous rappellera qui est le maître, votre cerveau, préparé et entraîné, sera votre meilleur équipement de survie. Votre vie et celle de vos équipiers en dépendent.