
La plupart des accidents graves en mer ne sont pas dus à une panne matérielle, mais à une défaillance humaine prévisible.
- La sécurité ne se résume pas à l’équipement obligatoire, mais à la gestion de la charge mentale, du stress et de la communication à bord.
- Des rituels simples, inspirés de l’aviation (checklists, briefings), réduisent drastiquement le risque d’erreur critique.
Recommandation : Adoptez une culture de sécurité proactive en entraînant votre cerveau et votre équipage à anticiper les scénarios, plutôt qu’à simplement réagir à l’urgence.
Quand on parle de sécurité en mer, l’imaginaire collectif et la plupart des guides se focalisent sur une obsession : l’équipement. Le radeau de survie est-il à jour ? Les gilets sont-ils conformes ? A-t-on assez de fusées à main ? Cette approche, bien qu’indispensable, est dangereusement incomplète. Elle traite la sécurité comme une liste de courses à cocher, en partant du principe qu’un problème ne surviendra qu’à cause d’une défaillance matérielle ou d’une météo apocalyptique. C’est une vision réactive, presque fataliste, de la gestion du risque.
Pourtant, les retours d’expérience des sauveteurs et l’analyse des accidents racontent une tout autre histoire. Une histoire de facteurs humains, de biais cognitifs et de failles dans la prise de décision. Et si la véritable cause des catastrophes n’était pas la mer déchaînée, mais un cerveau humain submergé ? Si le maillon faible n’était pas la manille qui casse, mais la conscience de la situation qui s’effondre sous le stress ? Cet article propose un changement de paradigme. Nous allons délaisser le fétichisme de l’équipement pour nous plonger dans ce que l’aéronautique a compris depuis des décennies : la sécurité est avant tout une compétence cognitive qui se cultive.
Pour ceux qui préfèrent une immersion visuelle, la vidéo suivante met en lumière le dévouement des femmes et des hommes qui assurent notre sécurité en mer. Elle rappelle avec force que derrière chaque procédure, il y a un engagement humain sans faille.
Cet article va déconstruire les mécanismes psychologiques qui mènent au danger et vous fournir les outils mentaux et procéduraux pour construire une véritable forteresse de sécurité à bord. Nous verrons comment des rituels simples peuvent transformer un équipage amateur en une équipe coordonnée et résiliente.
Sommaire : Votre cerveau, le meilleur équipement de sécurité en mer
- L’effet tunnel : ce moment où votre cerveau vous déconnecte de la réalité et vous met en danger
- Pourquoi les pilotes d’avion utilisent des checklists (et pourquoi vous devriez faire pareil)
- Le briefing de sécurité qui peut sauver la vie de vos équipiers (et que 90% des skippers bâclent)
- Homme à la mer, incendie, talonnage : la véritable cause de ces accidents n’est jamais celle que vous croyez
- Le jour où tout bascule, votre calme sera votre meilleur équipier
- MAYDAY, PAN PAN, SÉCURITÉ : trois mots pour trois niveaux d’urgence que vous devez absolument connaître
- La sécurité des enfants à bord n’est pas négociable : le guide de l’équipement et des bonnes habitudes
- Le MAYDAY n’est pas un cri, c’est une procédure : le guide pour le maîtriser avant d’en avoir besoin
L’effet tunnel : ce moment où votre cerveau vous déconnecte de la réalité et vous met en danger
L’effet tunnel, ou perte de conscience situationnelle, est l’un des ennemis les plus insidieux du marin. C’est ce moment où, sous l’effet du stress ou d’une concentration intense sur une tâche unique (régler une voile, suivre une route sur le GPS, chercher un mouillage), votre cerveau filtre activement toutes les autres informations. Vous devenez littéralement aveugle et sourd à ce qui se passe autour de vous : le cargo qui approche sur bâbord, le grain qui noircit l’horizon, l’équipier qui vous appelle. Vous êtes présent physiquement, mais mentalement absent.
Les sauveteurs de la SNSM rapportent constamment des cas où des navigateurs, même expérimentés, se sont mis en danger par pure focalisation. Ils ne voient plus les autres navires, les casiers, ou les changements brutaux de météo, car toute leur attention est absorbée par un seul point. Lutter contre ce phénomène naturel demande une discipline active. Il faut forcer son cerveau à « dézoomer » régulièrement. Pour cela, des techniques issues de l’aviation militaire sont directement transposables :
- Le cycle de balayage « 20-5-20 » : consacrez 20 secondes maximum à votre tâche, puis imposez-vous 5 secondes de scan visuel complet à 360°, avant de retourner à votre tâche.
- L’autodialogue à voix haute : toutes les 10 minutes, verbalisez les informations clés : « Position X, cap Y, vent de secteur Z, ciel clair, aucun navire en vue ». Cela force votre cerveau à synthétiser l’environnement.
- La règle du « STOP » : face à une action complexe, Stoppez, prenez un Temps de pause, Observez l’environnement global, puis Procédez avec une conscience renouvelée.
Intégrer ces micro-habitudes est le premier pas pour passer d’un état passif à un contrôle actif de sa propre sécurité, en gardant en permanence une vision d’ensemble.
Pourquoi les pilotes d’avion utilisent des checklists (et pourquoi vous devriez faire pareil)
Aucun pilote de ligne, même avec 30 ans d’expérience, ne ferait décoller son avion sans dérouler méthodiquement sa checklist. Est-ce par manque de confiance en sa mémoire ? Au contraire. C’est parce qu’il sait que la mémoire humaine est faillible, surtout sous pression. La checklist n’est pas une béquille pour débutant, c’est un outil professionnel qui libère des ressources mentales. En externalisant la vérification des points critiques, le cerveau du pilote est disponible pour la conscience situationnelle, l’anticipation et la prise de décision.
En plaisance, la culture de la checklist est souvent perçue comme rigide ou superflue. C’est une erreur fondamentale. L’oubli d’un seul élément – une vanne mal fermée, un nable de cockpit non vérifié, la batterie non contrôlée – peut être le premier maillon d’une chaîne d’événements catastrophiques. La checklist transforme une série d’actes mémoriels stressants en un processus calme et structuré.

L’avantage n’est pas seulement technique, il est cognitif. La comparaison entre une préparation avec et sans checklist est sans appel et illustre la réduction drastique de la charge mentale et du risque d’erreur.
| Aspect | Sans Checklist | Avec Checklist |
|---|---|---|
| Charge mentale | Élevée – tout retenir | Réduite – processus externalisé |
| Risque d’oubli | 30-40% d’oublis critiques | <5% avec double vérification |
| Gestion stress | Panique en cas d’imprévu | Capacité mentale préservée |
| Transmission équipage | Informations dispersées | Communication structurée |
Créez vos propres checklists (départ, arrivée, prise de ris, mauvais temps) et plastifiez-les. Faites-en un rituel non négociable à bord. C’est l’acte le plus simple et le plus puissant pour augmenter votre niveau de sécurité.
Le briefing de sécurité qui peut sauver la vie de vos équipiers (et que 90% des skippers bâclent)
Le briefing de sécurité est souvent réduit à un « tour du propriétaire » expéditif : « là, il y a les gilets, là, l’extincteur, et les toilettes sont ici ». Cette approche est inutile. En cas de crise, personne ne se souviendra de ces informations jetées à la volée. Un briefing efficace ne consiste pas à montrer des équipements, mais à créer des réflexes mentaux. Il doit être basé sur des scénarios concrets.
L’objectif est de pré-programmer le cerveau de chaque équipier pour qu’il sache quoi faire, qui fait quoi, et dans quel ordre, lorsque l’adrénaline efface toute capacité de réflexion. Comme le souligne un document de formation de la SNSM, l’approche par scénarios change tout.
Le briefing idéal n’est pas une liste d’équipements mais une mise en situation : ‘Si X arrive, nous faisons Y’. Cette approche par scénarios améliore la mémorisation de 70%.
– Manuel de formation SNSM, Formation des équipiers sauveteurs
Au lieu de dire « voici la bouée couronne », dites « En cas d’homme à la mer, le premier qui le voit crie ‘HOMME À LA MER’, pointe le doigt vers la personne et ne la quitte JAMAIS des yeux. Toi, [nom de l’équipier], tu lances immédiatement cette bouée. Moi, je manœuvre. » Cette instruction est un algorithme d’action, pas une simple information. Elle crée un automatisme.
Votre plan d’action pour un briefing par scénarios
- Scénario « Homme à la mer » : Désigner qui crie, qui pointe sans lâcher du regard, qui lance la bouée, et qui manœuvre. Répéter la procédure.
- Scénario « Voie d’eau / Talonnage » : Montrer la localisation des vannes, des pinoches, et des écopes. Expliquer la procédure de colmatage d’urgence et la préparation du radeau.
- Scénario « Incendie / Avarie moteur » : Localiser les extincteurs et expliquer leur fonctionnement. Détailler la procédure d’ancrage d’urgence et comment contacter le CROSS sur le canal 16 de la VHF.
- Interaction et vérification : Ne jamais finir sur un « C’est clair ? ». Poser des questions ouvertes : « Qui peut me montrer comment on percute son gilet ? », « Qui n’est pas à l’aise avec ce point ? ».
- Rôles et communication : Attribuer des rôles clairs (vigie, responsable de drisses) et définir un mot de code simple pour signaler une situation anormale sans créer de panique.
Ce rituel de quelques minutes avant chaque départ ne renforce pas seulement la sécurité ; il soude l’équipage et transforme un groupe de passagers en une équipe compétente.
Homme à la mer, incendie, talonnage : la véritable cause de ces accidents n’est jamais celle que vous croyez
Lorsqu’un drame survient en mer, on cherche souvent la cause unique et spectaculaire : la vague scélérate, la panne moteur foudroyante, l’erreur de navigation impardonnable. En réalité, les accidents graves sont rarement le fruit d’un seul événement. Ils sont l’aboutissement d’une chaîne de petites défaillances, d’erreurs et de négligences qui s’accumulent jusqu’au point de rupture. C’est ce que les experts en sécurité nomment le modèle du Fromage Suisse.
Imaginez plusieurs tranches de gruyère empilées. Chaque tranche représente une barrière de sécurité (votre expérience, l’équipement, la météo, la communication…). Chaque trou dans une tranche est une défaillance potentielle (fatigue, oubli, biais d’optimisme…). La plupart du temps, les trous ne sont pas alignés. Mais un jour, une succession de petits problèmes fait que les trous s’alignent parfaitement, créant un chemin direct vers l’accident. La catastrophe n’est pas le premier trou, mais l’alignement de tous les trous.
Étude de cas : les causes profondes des accidents de plaisance
Une analyse approfondie des accidents de plaisance en France montre une récurrence alarmante des mêmes facteurs humains. La fatigue du skipper est présente dans près de 60% des cas, altérant le jugement et les temps de réaction. Une communication défaillante ou inexistante entre les équipiers est un facteur aggravant dans 45% des situations critiques. Enfin, le biais d’optimisme (« ça n’arrive qu’aux autres », « ça va passer ») est un déclencheur psychologique majeur. Les experts estiment qu’il faut en moyenne cinq défaillances simultanées (une météo qui se dégrade plus vite que prévu, un équipier peu expérimenté, une petite avarie, une décision reportée…) pour qu’un incident mineur se transforme en accident grave.
Votre rôle de chef de bord n’est pas d’être infaillible, mais d’être un « boucheur de trous ». Chaque checklist respectée, chaque briefing clair, chaque décision prudente est une tranche de fromage que vous ajoutez ou dont vous réduisez les trous, rendant l’alignement fatal de plus en plus improbable.
Le jour où tout bascule, votre calme sera votre meilleur équipier
Face à une situation de crise – une voie d’eau, un début d’incendie, un homme à la mer – la première victime est la pensée rationnelle. Le cerveau bascule en mode survie, inondé d’adrénaline. Le champ de vision se rétrécit, les gestes deviennent désordonnés, la capacité à analyser et à communiquer s’effondre. La panique n’est pas un sentiment, c’est un état physiologique qui vous fait passer du statut d’acteur à celui de victime qui subit les événements.
Dans ces moments, la seule chose qui peut faire la différence n’est pas votre force physique ou la modernité de votre équipement, mais votre capacité à garder votre calme. Le calme n’est pas l’absence de peur ; c’est la capacité à agir malgré la peur. C’est cette ressource cognitive qui vous permet de continuer à penser, à prioriser les actions, à communiquer clairement avec votre équipage et avec les secours.

Cette maîtrise de soi est un facteur déterminant pour l’issue d’une opération de sauvetage. Les sauveteurs en mer le savent mieux que personne, comme le confirme ce témoignage poignant recueilli par France 3 Bretagne lors d’une formation.
La différence entre un skipper paniqué qui subit et un skipper calme qui reste acteur de son sauvetage change radicalement notre intervention et les chances de succès.
– Témoignage sauveteur SNSM, France 3 Bretagne – Formation des sauveteurs
Comment s’y entraîner ? Par la répétition. En effectuant régulièrement des exercices (prise de ris, homme à la mer), en maîtrisant vos procédures (checklists, communication VHF) jusqu’à ce qu’elles deviennent des automatismes. Le jour où l’imprévu surviendra, votre cerveau, au lieu de paniquer, se raccrochera à ces gestes connus, vous laissant la clarté d’esprit nécessaire pour gérer la situation.
MAYDAY, PAN PAN, SÉCURITÉ : trois mots pour trois niveaux d’urgence que vous devez absolument connaître
Dans l’imaginaire collectif, lancer un appel à l’aide en mer se résume au cri désespéré « MAYDAY ! ». Cette vision est non seulement réductrice, mais aussi dangereuse. La communication par VHF est un outil précis, avec un code international qui permet aux secours (coordonnés en France par les CROSS) de comprendre immédiatement la nature et le degré de votre problème. Confondre les signaux, c’est risquer de déclencher des moyens disproportionnés ou, à l’inverse, de ne pas être pris au sérieux.
Il existe trois niveaux d’alerte, chacun correspondant à une situation bien définie. Les connaître est une obligation pour tout chef de bord responsable. Ne pas le faire, c’est comme conduire sans savoir à quoi correspondent les panneaux de danger. C’est une faute professionnelle qui peut avoir des conséquences dramatiques pour vous, votre équipage, mais aussi pour les sauveteurs qui pourraient être mobilisés inutilement.
Le tableau suivant, basé sur les procédures d’alerte VHF officielles, synthétise ce qu’il faut absolument savoir pour utiliser le bon signal au bon moment.
| Signal | Situation | Exemple concret | Réponse du CROSS |
|---|---|---|---|
| MAYDAY | Danger grave et imminent pour la vie humaine | Voie d’eau incontrôlable, incendie à bord, abandon du navire | Mobilisation immédiate de tous les moyens de sauvetage disponibles |
| PAN PAN (prononcer « panne-panne ») | Urgence avérée, mais sans danger immédiat pour la vie humaine | Panne moteur dans un courant fort, dématage sans blessé, skipper malade | Coordination d’une assistance (remorquage, avis médical) |
| SÉCURITÉ | Information importante pour la sécurité de la navigation | Objet flottant dangereux (conteneur), feu de navigation éteint, conditions météo locales se dégradant subitement | Diffusion d’un « AVURNAV » (Avis Urgent aux Navigateurs) à tous les navires sur zone |
L’hésitation à appeler le CROSS par peur de « déranger » est une erreur fréquente et dangereuse. En cas de doute, un appel PAN PAN pour signaler une difficulté est toujours préférable à un silence qui pourrait se transformer en MAYDAY quelques heures plus tard.
La sécurité des enfants à bord n’est pas négociable : le guide de l’équipement et des bonnes habitudes
Accueillir un enfant à bord est une joie immense, mais cela décuple la responsabilité du chef de bord. La sécurité d’un enfant ne se gère pas avec les mêmes règles que pour un adulte. Leur insouciance, leur faible poids, leur méconnaissance du danger et leur sensibilité au froid exigent une approche spécifique et une vigilance de tous les instants. La règle de base est simple : elle n’est pas négociable. Il n’y a pas de « juste pour cette fois » ou « il fait beau ».
L’équipement est le premier pilier. Un gilet de sauvetage pour enfant doit être adapté à son poids (et non « pourra lui servir l’an prochain »), doté d’une sous-cutale pour éviter qu’il ne remonte, et de préférence à déclenchement automatique ou en mousse. Le port du gilet dans le cockpit et sur le pont doit être une règle absolue dès que le moteur est en marche ou que les voiles sont hissées. Une ligne de vie et un harnais sont indispensables dès que la mer se forme.
Mais l’équipement ne suffit pas. Le deuxième pilier est l’éducation, transformée en jeu. Un enfant à qui on impose des règles les subira ; un enfant à qui on explique et qu’on responsabilise les adoptera. Intégrer la sécurité dans des rituels ludiques est la méthode la plus efficace :
- Le jeu du « Capitaine dit » : Utilisez cette variante de « Jacques a dit » pour faire répéter les gestes de sécurité (« Le capitaine dit : on met son gilet ! »).
- La chasse au trésor de la sécurité : Demandez-lui de trouver et de nommer tous les équipements de sécurité à bord (bouée, extincteur, corne de brume).
- Le diplôme du petit pirate vigilant : Créez un petit diplôme à remettre à la fin de la journée pour récompenser sa vigilance et son respect des consignes.
- Le rôle de « gardien des drisses » : Confiez-lui une tâche simple mais visible, comme s’assurer que les bouts ne traînent pas dans le cockpit, pour le responsabiliser.
- Le signal secret : Inventez un mot ou un geste « secret » que l’enfant peut utiliser s’il se sent en danger ou voit quelque chose d’anormal.
Enfin, un briefing spécifique pour l’enfant est crucial : lui expliquer où il a le droit d’aller, ce qu’il ne doit jamais toucher, et la règle numéro un : « une main pour toi, une main pour le bateau ».
À retenir
- Le facteur humain est la cause première des accidents. La fatigue, le stress et la perte de conscience situationnelle sont plus dangereux qu’une avarie matérielle.
- La prévention active via des rituels (checklists, briefings par scénarios) est plus efficace que la simple possession d’équipement de sécurité.
- Un accident est presque toujours le résultat d’une chaîne d’événements. Votre rôle est de briser cette chaîne en identifiant et en corrigeant les petites défaillances avant qu’elles ne s’alignent.
Le MAYDAY n’est pas un cri, c’est une procédure : le guide pour le maîtriser avant d’en avoir besoin
Nous avons vu que la sécurité en mer est une culture, un état d’esprit basé sur l’anticipation et la maîtrise des facteurs humains. Le maillon final de cette chaîne de sécurité est la communication d’urgence. Le jour où, malgré toutes vos précautions, la chaîne se rompt, votre capacité à lancer un appel clair, concis et procédural sur le canal 16 de la VHF sera déterminante. Un MAYDAY n’est pas un appel à l’aide paniqué ; c’est le début d’une opération de sauvetage que vous co-pilotez avec le CROSS.
Le maîtriser avant d’en avoir besoin est la dernière étape de votre préparation mentale. Cela signifie connaître par cœur la structure du message et l’avoir écrite près de la table à cartes. Répétez-le à voix haute, seul ou avec votre équipage. Cette familiarité est ce qui vous permettra de le délivrer calmement sous stress. La procédure est simple et logique : qui, où, quoi, combien. Elle est conçue pour donner aux secours toutes les informations vitales en un minimum de temps.
L’acronyme MMMM-NPC-I peut vous aider à mémoriser la structure : MAYDAY (x3), Moi (nom du bateau x3), MMSI, Ma position, Nature du danger, Personnes à bord, Capacités restantes (VHF, etc.), Intentions (ex: « nous préparons l’évacuation »). Chaque élément est crucial pour que le CROSS puisse évaluer la situation et engager les moyens les plus adaptés à votre détresse.
En définitive, la véritable sécurité ne réside pas dans la confiance aveugle en votre matériel, mais dans la compétence que vous aurez développée. Entraînez-vous, répétez les procédures et cultivez cette conscience situationnelle. C’est ainsi que vous transformerez votre cerveau en l’équipement de sécurité le plus fiable de votre bord.
Questions fréquentes sur la sécurité en mer
Que se passe-t-il après avoir lancé un MAYDAY ?
Dès la réception de votre appel sur le canal 16, le CROSS le plus proche accusera réception pour s’assurer que le message a été entendu. Il vous demandera de confirmer votre position, le nombre de personnes à bord et la nature exacte de la détresse. Immédiatement après, il coordonnera et engagera les moyens de secours les plus rapides et appropriés (vedette SNSM, hélicoptère, navires sur zone).
Puis-je annuler un PAN PAN si la situation s’améliore ?
Oui, et c’est même une obligation. Si vous avez résolu le problème qui a motivé votre appel PAN PAN (par exemple, le moteur a redémarré), vous devez impérativement recontacter le CROSS sur le canal 16 pour annuler votre message d’urgence. Diffusez un message clair : « PAN PAN (x3), à toutes les stations (x3), ici [nom du bateau x3]. Mon appel PAN PAN de [heure] est annulé. Situation résolue. » Cela permet de libérer les moyens de secours qui auraient pu être pré-alertés.
Le 196 fonctionne-t-il depuis un portable sans réseau ?
Non. Le 196 est le numéro d’urgence pour contacter les CROSS depuis un téléphone portable, mais il nécessite une couverture réseau mobile pour fonctionner. En l’absence totale de réseau en mer, il est inopérant. C’est pourquoi la VHF marine reste l’équipement de sécurité et de communication prioritaire. Le canal 16 de la VHF ne dépend pas du réseau téléphonique et a une portée bien plus grande, en plus de pouvoir être entendu par tous les navires environnants.